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Légitimité journalisme

Posted by Ludovic Gavignet on 19:39

Quelle légitimité pour le journalisme

aujourd’hui et a fortiori demain ?

Le journalisme a dû s’adapter aux nouvelles technologies. Néanmoins, la parole citoyenne, le « cinquième pouvoir » comme j’ai déjà pu l’expliquer, contribue à changer le sens même de « journalisme ». Aussi, les évolutions technologiques, avec en premier lieu Internet, ont amené à une profusion d’informations, due en partie à la volonté d’expression des citoyens.

1) Du média au multimédia

Le passage de la presse écrite, à la radio puis à l’audiovisuel ne s’est pas fait sans crainte de voir l’écrit disparaître. Or, l’écrit constitue une force indéniable : il laisse des traces. Certes il est toujours possible d’enregistrer une émission de radio ou de télévision, mais il est d’autant plus facile de n’avoir qu’à conserver le papier. De plus, les différents médias que je viens de citer sont totalement complémentaires. Certes ils traitent souvent d’une même information, mais selon des regards différents, qui croisés, offrent une réelle pluralité de point de vue contribuant à l’exercice de la citoyenneté.

Aussi Internet a-t-il chamboulé cette vision avec un support multimédia regroupant texte, image et son. Néanmoins, Internet ne constitue pas une révolution en soi. En effet, les médias traditionnels, quels qu’ils soient (écrit, radiophonique, télévisuel), jouent d’Internet pour compléter leur information en prenant notamment en compte la parole citoyenne. C’est d’ailleurs en ce sens que se développent des initiatives de journalisme citoyen.

2) Du journalisme traditionnel au journalisme citoyen

Avec la croissance des blogs, l’expression personnelle a été largement facilitée. Ainsi, au gré du nombre incessamment croissant de ces blogs, l’expression citoyenne a pris une place essentielle dans le traitement de l’actualité. Les initiatives de journalisme citoyen n’ont donc de cesse de se développer afin de fédérer l’ensemble de ces points de vue et leur offrir un réel écho, un véritable pouvoir. Aussi, ce journalisme citoyen se pose-t-il en opposition voire en lutte contre les médias traditionnels ? Sûrement pas. L’objectif du journalisme citoyen traduit l’exercice de la liberté d’expression. Le but du journalisme est d’analyser l’ensemble des points de vue, plus ou moins objectivement. On distingue dès lors un enjeu essentiel pour le journalisme : contribuer à assurer cet écho de la parole citoyenne. Le journalisme traditionnel doit s’enrichir de cette pluralité de points de vue. Le journalisme citoyen permet un traitement de l’actualité en temps réel, théoriquement sans contraintes (si ce ne sont les limites légales).

Alors doit-on tendre vers un « journalisme 3.0 » comme l’exprime Jean-Pierre Elkabbach, président d’Europe 1 ? Personnellement, je pense plutôt que l’on doit tendre vers ce qu’est véritablement le sens du « journalisme » : un traitement objectif (avec des traits de subjectivité propres à la ligne éditoriale établie consensuellement) de l’actualité qui prenne en compte la pluralité des opinions. Le journalisme ne peut se cantonner à relater un fait sans l’étudier. La parole citoyenne contribue donc à apporter une analyse concrète, souvent engagée, de faits bruts.

Ainsi une définition du « journalisme » pourrait-elle être « Etude d’un fait ou sujet d’actualité le plus objectivement possible, à la lumière de points de vues complémentaires et/ou contradictoires, et dont l’analyse apporte une réelle valeur ajoutée à l’information dite « brute » » (NB : Cette définition n’inclut pas l’information « brute » comme journalisme alors que cette dernière constitue l’élément de base du journalisme. Ma volonté n’est pas de susciter un débat sur le sujet [quoique …], mais seulement de synthétiser un propos)

3) Ce que devra être le journalisme de demain

Pour un journalisme de qualité, qui redonne ses lettres de noblesse au « journalisme », il paraît indispensable qu’il réponde à certaines conditions

Ainsi, il s’agira d’un journalisme :

- Qui écoute la parole de chacun et instaure une interface plus ou moins concrète de dialogue entre citoyens lambda et professionnels.

- Qui apporte une réelle valeur ajoutée à l’information brute des groupes de presse ou des citoyens eux-mêmes

- Omniprésent sur tous les médias : presse écrite, radio, audiovisuel, internet, … et qui aura pris conscience de leur complémentarité.

- Qui suit une charte éditoriale propre. Cela induit un pluralisme des points de vue et une complémentarité entre les différentes structures journalistiques.

- Dynamique et réactif c’est-à-dire qui traite l’actualité en temps réel puis l’ajuste et la corrige au fil du temps, tout en faisant mention de son état d’incertitude

En conclusion, le journalisme n’est pas mort et ne doit surtout pas disparaître au profit d’une unique parole citoyenne. Cette parole citoyenne, isolée ou même fédérée ne peut prétendre à la définition de « Journalisme ». Le « journalisme citoyen » n’est donc pas un journalisme stricto sensu.

Le journalisme contribue à expliciter plus ou moins objectivement un fait, à apporter des points de vue, à la confronter à d’autres opinions, à traiter et analyser l’information, … Néanmoins, un changement sérieux est induit par la parole citoyenne qui se fait de plus en plus aisément entendre. Ainsi, il est indispensable que le journalisme, si ce n’est s’appuyer, prenne en compte cette parole et la transforme en une réelle information enrichie. Cela passe par la validation de l’information, son analyse et sa synthèse. Le journalisme a encore de beaux jours devant lui, un tant soit peu qu’il considère les citoyens comme porteurs d’informations et qui n’ont de cesse de vouloir s’exprimer. L’avenir du journalisme passe par à la fois par une « révision » du journalisme « traditionnel » et par une considération du « journalisme citoyen ».


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