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Sombres journées
Refroidissement climatique sur la planète prof-doc
Le temps hivernal perdure pour les enseignants documentalistes. Les éclaircies provenant de la FADBEN, de rapports de certains IGEN, des recommandations du M.E.N., des textes parus au B.O., et des échos donnés à de célèbres défenseurs de la profession n'ont été que temporaires : l'anticyclone s'est éloigné laissant présager une dépression généralisée sur la planète prof-doc.
Que va devenir la planète dans l'univers "Education" ? Son refroidissement climatique va-t-il engendrer la disparition de l'espère prof-doc ? Va-t-on revenir en arrière contredisant ainsi la théorie darwinienne de l'évolution ? Le prof-doc va-t-il se décomposer en 2 : professeur d'un côté, documentaliste de l'autre ? Ou, pis encore, le prof-doc va-t-il muter en simple documentaliste de l'éducation nationale ?
Je regarde l'horizon, toujours aussi sombre. La tempête s'annonce. Mais pas d'alerte rouge, alors même qu'il ne faut pas être devin pour présager de l'ampleur de cette tempête et de ses conséquences terribles. Qu'adviendra-t-il de l'univers Education si la planète prof-doc est détruite ?
Une seule solution : l'invasion extra-terrestre des enseignants-documentalistes dans toutes les autres planètes de l'univers "Education" et plus particulièrement dans la galaxie "Education à l'information". Oui, l'enseignant-documentaliste doit conquérir (et non pas envahir) ces autres planètes. Un traité global doit bien évidemment se mettre en place : pas de ligne de démarcation entre les disciplines "officielles" et la discipline par essence transversale qu'est la documentation ou plus généralement l'information-documentation. Il faut bien au contraire une fusion totale pour un travail commun (forcément) vertueux. Mais comme toute arrivée extra-terrestre, cela fait peur.
En 1986 a eu lieu la première constatation officielle de l'existence de l'espèce extra-terrestre qu'est l'espèce "prof-doc" autrement appelée "enseignant-documentaliste" ou trop restrictivement "documentaliste". On a réussi à déterminer qui elle était et ce qu'elle faisait ... mais aussi les risques qu'elle présentait, à savoir s'immiscer plus ou moins discrètement dans les autres planètes "disciplinaires". Mais l'ambiance était au pacifisme : la nouveauté intéressait, intriguait même.
1989 marque l'intégration de l'espèce prof-doc dans la galaxie "Education à l'information" et même dans l'univers "Education". Oui, cette espèce est totalement complémentaire : "elle est comme nous, elle enseigne !" s'exclamaient les enseignants les plus ouverts.
Malheureusement depuis, l'intérêt pour cette espèce est vite retomber. Bien heureusement, le prof-doc est une espèce sociable, à la recherche permanente de contacts : c'est ainsi qu'elle a su subsister dans cet univers. Mais par endroit, l'ambiance y est malsaine : vivre avec cette espèce extra-terrestre fait peur, gène même parfois.
Alors, au fil des années, on propose plus ou moins officiellement des pistes de collaboration avec les prof-doc. Certains s'investissent dans ce dialogue, d'autres l'évitent, enfin certains le contestent.
Depuis, les prof-doc attendent. Ils attendent qu'on légitime encore et encore leur rôle, leur fonction, leurs atouts, leur intérêt pour les "élèves", ces êtres en formation. Ils militent pour se faire toujours connaître, mais surtout encore et toujours reconnaître. Sans cela, nous allons vers une destruction de la planète prof-doc.
C'est pour tout cela que les profs docs se battent. Certains, de plus en plus, désespèrent, désertent même la planète prof-doc voire la renient. Mais l'apocalypse n'est pas encore pour demain ... quoique ...