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L'hyperlivre : l'avenir du livre

Posted by Ludovic Gavignet on 17:47 in , , ,
L'hyperlivre se révèle-t-il être l'avenir du livre ?

Comment concilier nouvelles technologies et lecture traditionnelle ? Comment faire en sorte que l'évolution technologique vive en harmonie parfaite avec le trésor culturel qu'est l'objet livre ? La solution est-elle que la technologie s'immisce discrètement et indirectement dans l'objet traditionnel qu'est le livre ? Nous allons porter notre étude en nous appuyant sur le concept du nouveau livre de J. Attali, livre que certains appellent déjà "hyperlivre" : "Le sens des choses".

1) Le livre doit-il évoluer ?

Le livre est un objet magique, un trésor qui se transmet de générations en générations, un passage secret pour s'évader librement. L'objet livre est une réelle merveille : il couche sur quelques feuilles de papier un ensemble de lettres, de mots, de phrases, qui assemblées, nous permet d'embarquer pour un voyage dont nous ne connaissons aucunement la destination, pour notre plus grand plaisir. Aujourd'hui encore, il parait inconcevable de se passer de cet objet livre ou de le voir muter en un autre objet. Les prototypes de livre numérique ne convainquent guère que les geeks. Alors, la solution consiste à conserver tout l'attachement que portent les lecteurs au bon livre traditionnel ... en tentant de lui offrir une valeur ajoutée qui n'altère en rien l'ouvrage. Mais la question préalable à se poser est bien celle-ci : le livre doit-il évoluer ou pourquoi le livre devrait-il évoluer ? En effet, avez-vous déjà vu quelqu'un se plaindre d'un livre (hormis pour ce qui concerne son contenu) ? N'êtes-vous pas surpris de voir toujours autant de personnes lire avec un réel plaisir un livre sur un banc public ou dans son jardin secret, cloisonné dans sa chambre ? On constate dès lors que le plaisir est là . Le lecteur ne demande rien d'autre : il prend du plaisir en lisant et c'est là l'essentiel. Mais alors, pourquoi le livre devrait-il évoluer si tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes m'interroge-je candidement ? On me rétorquera que l'on peut mieux faire, que le plaisir peut être accrû tout en préservant l'intégralité des qualités originelles et originales de l'objet-livre. Bon, je vais acquiescer, mais comme tout discours marketing, j'ai bien peur que l'on crée un nouveau besoin ... dont on avait bien évidemment nullement besoin.

2) L'hyperlivre : un concept marketing ?
On vient de le voir, le livre n'a pas besoin d'évoluer. Mais on veut toujours faire mieux ... plutôt, les éditeurs veulent reconquérir des parts de marché ... Mais soyons moins critique : on veut donner plus de valeur à l'objet-livre en lui offrant une réelle valeur ajoutée et ainsi prétendre à attirer de nouveaux lecteurs. Soit, mais cela ne me convainc pas. Aussi, pourquoi lancer un tel ouvrage maintenant ? La situation du livre n'est pas des meilleures : il y a de moins en moins de lecteurs de littérature (mais qu'est-ce que la littérature ...). Pour autant, la diversité éditoriale n'a jamais été aussi grande. Tout lecteur se réjouira donc de cette offre pléthorique qui constitue autant de portes ouvertes vers les multiples trésors de la langue qui permettent de partager sentiments et parfois ... sensations ! Mais à qui se destine l'hyperlivre : à ces lecteurs convaincus, à cette foule de lecteurs qui délaissent peu à peu la littérature ou encore à toutes ces personnes qui ne lisent pas (de littérature) ? A tous répondra-t-on sur une tonalité commerciale. Car il s'agit bien là d'un commerce : ouvrir le livre en lui donnant encore plus d'espace. Techniquement mais sans rentrer dans les détails, il s'agit d'un livre interactif par les moyens du téléphone portable, de l’Internet et du Flashcode. Grâce à cela, on peut accéder à plus de contenu. Mais pourquoi ne pas insérer directement ce contenu dans le livre : car on veut ajouter du multimédia ou de l'interactivité. Mais alors, l'hyperlivre n'est plus un livre. Tout du moins, il ne mérite pas qu'on l'appelle livre avec quel que préfixe ou suffixe que ce soit. Non, car le synonyme de livre est évasion et je ne veux pas être guidé ou dirigé dans mon évasion. Une évasion permet de toucher cette liberté. Et je ne veux pas d'une liberté surveillée, encore moins dictée.

3) Peut-on élargir l'évasion vers une plus grande évasion ?
Revenons à la notion de livre. Un livre est un objet qui nous permet de nous évader, de divaguer, de errer, de se perdre souvent pour notre plus grand plaisir. Chaque livre est perçu différemment par chacun d'entre nous, fruit de nos histoires personnelles, de nos connaissances, de notre culture, de nos ressentiments. Bref, un livre se vit personnellement (mais se partage aussi, bien évidemment). Alors pourquoi vouloir faire dire encore plus à cet objet ? Pourquoi vouloir donner à la littérature d'autres formes ? La littérature peut-elle se marier au multimédia ? Je ne pense pas. Rien n'est plus fort que le pouvoir des mots. Evidemment, la musique aussi permet de s'évader, les images nous offrent la possibilité de rêver. Mais vient alors la véritable question : peut-on combiner évasion littéraire et évasion musicale ? Sujet délicat et difficile d'y répondre. Difficile d'y répondre car chaque réponse est différente pour chaque individu que nous sommes. Certains sont plus sensibles à la musique, d'autres à la force des mots. Ce qui reviendrait à s'interroger sur l'éventuelle différence entre culture auditive et culture visuelle. Ah ! que le sujet est intéressant, j'espère que certains philosophes, des psychologues et autres experts habilités à répondre avec des arguments fiables et valides se pencheront sur la question tant les enjeux, on a pu le voir, sont importants.
Ainsi, le pari relevé par Jacques Attali avec ce nouvel ouvrage répond à divers objectifs : interroger sur "le livre peut-il évoluer ?", réaliser un buzz marketing (ah lorsque l'on "attaque" le livre quelles réactions vives nous pouvons avoir !), tester ce nouveau concept sur le public.

Je ne pense pas que l'on puisse parler d'hyperlivre. Objet hyperculturel me conviendrait d'autant mieux. En effet, ce nouvel objet se base certes sur l'objet-livre, mais il le dépasse si largement, qu'il s'ouvre à d'autres cultures. Parler d'hyperlivre me conduirait à considérer cet objet comme un guide de lecture. Alors on me dira de me passer de ces annexes qui ne consistent qu'en quelques logos imprimés, mais ils altèrent selon moi la liberté du livre, sa richesse, même si ici, c'est l'auteur lui-même qui veut nous mener vers plus de contenu. C'est pourquoi je ne suis pas contre cette idée a priori, mais que cet objet s'appelle objet hyperculturel. Cet objet marie ainsi diverses cultures : aujourd'hui culture visuelle et culture auditive, demain peut-être s'ajouteront la culture olfactive, la culture tactile et la culture gustative. Une idée que ne manqueront pas de creuser les industriels les plus à la pointe.
Ne me parlez pas d'hyperlivre, mais de ce "nouvel objet culturel qui marie les cultures" ... avec plus ou moins de succès et surtout ... qui ne présente aucun intérêt ... en l'état actuel de son développement. Avis personnel.

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2 Comments

Olivier Sandor says:

Je rajouterai que l'hyperlivre est au livre ce que le blog est aux sites Internet : un moyen de communication enrichi d'hyperliens.

A ce titre, je suis d'accord avec la notion d'évolution culturelle.

Olivier.


je pense qu'il y a de la place pour le livre papier et pour l'hyper-livre. Il y a des gens qui empruntent des bouquins à la bibliothèque, les lisent et les rendent ensuite. Donc pourquoi l'hyper-livre pour certains usages. Il y a des gens, comme moi, qui achètent les livres, aiment en "posséder", les livres, car je rejoins votre avis, il y a en eux tout un univers que l'on possède rien qu'en touchant l'objet (le livre).
Je me forme également avec des livres car je peux y apposer des annotations, j'en connais le plan, la structure, et en un rien de temps je peux aller d'un chapitre à un autre; mon esprit en a intégré la structure de manière concrète et non virtuelle. Avec un livre numérique, je pense qu'on ne peut pas posséder l'objet, son architecture; je pense toutefois qu'il y a de la place pour les 2, les gens font leur choix en fonctio du besoin, de la rémanence qu'ils en souhaitent dans leur esprit..

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