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Formation à la maîtrise de l'information : la fuite des cerveaux ou les cerveaux qui fuient ?

Posted by Ludovic Gavignet on 19:47 in , ,
Formation à la maîtrise de l'information
La fuite des cerveaux ou les cerveaux qui fuient ?

On déplore la fuite des cerveaux. On se plaint que nos têtes pensantes que l'on a bien formées partent ailleurs faire profiter de leurs compétences. Mais à quoi est due cette fuite des cerveaux ? Et surtout, la fuite des cerveaux ne cacheraient-elles pas une autre fuite : celle des cerveaux qui au lieu de s'enfuir fuient ?
Cela revient donc à s'interroger sur les notions d'intelligence, de performance et de stratégie. Et comment former quelqu'un autrement qu'en faisant baigner un cerveau étanche dans un univers social épanouissant ? En somme, quelle place prend la formation à la maîtrise de l'information dans la formation de cerveaux informés ?

1) Intelligence, performance et stratégie
1.1) L'apprenance passe par la maîtrise de l'information
L'apprenance, l'apprendre à apprendre, est une notion essentielle que les élèves, les jeunes et même les jeunes adultes s'efforcent d'acquérir et tentent de maîtriser. Apprendre à apprendre, c'est apprendre à gagner du temps dans ses apprentissages, à accélérer le processus et la stratégie de mémorisation. L'apprenance, c'est accélérer et accroître les performances de son cerveau en usant de stratégies d'apprentissage moins fatigantes et moins contraignantes.
Mais comment apprendre à apprendre convenablement ? Comment développer ces méthodes d'apprentissage qui semblent relever de la magie, du fantastique voire du miracle ? Apprendre à apprendre passe non seulement par un travail personnel (le développement de sa propre stratégie cognitive) mais aussi par une formation "générale" à ces techniques et stratégies.
Apprendre à apprendre est par essence intransdisciplinaire (néologisme contraction de intradisciplinaire et transdisciplinaire), c'est-à-dire que chaque enseignement, chaque acte pédagogique, chaque action éducative, permet d'aider à apprendre à apprendre. La pédagogie est l'acte primordial de l'apprenance. Toutefois, l'apprenance ne saurait se contenter du travail pédagogique, aussi interactif et interacteur soit-il. L'apprenance passe donc par un acte personnel, des actions collectives (échanges méthodologiques plus ou moins formels, débats, discussions, exercices de groupes, etc.) et un "chapeautage" par des pédagogues et formateurs performants et surtout efficaces.
Concrètement, la formation à la maîtrise de l'information offre un enseignement utile, indispensable à l'apprenance. Apprendre à maîtriser l'information, c'est apprendre à se repérer, à chercher, à observer, à choisir, à décider, à trier, à sélectionner ce qui est utile parmi un amas d'informations plus ou moins utiles. L'apprentissage vers la maîtrise de l'information permet d'acquérir des stratégies d'apprentissage qui se perfectionnent au fur et à mesure de leurs sollicitations. Grâce à la formation à la maîtrise de l'information, il ne s'agit pas seulement d'acquérir des connaissances et compétences infodocumentaires, mais bel et bien de découvrir des stratégies pour se créer de véritables boussoles et couteux suisses mentaux. Confronté à une situation problème (un amas d'information parmi lesquelles pullulent désinformations, informations non fiables, informations obsolètes, etc.), l'élève doit apprendre à apprendre, apprendre comment faire, comment agir, comment réagir et comment intégrer cet apprentissage pour en faire un véritable savoir ? L'élève va ainsi découvrir des stratégies, expérimenter ses hypothèses (est-ce efficace ? Gère-je bien mon temps ? Ce que j'ai choisi est-il juste et pertinent ?), les valider, les confirmer (en les testant et en les vérifiant) et, à terme, les améliorer, les perfectionner. La formation à la maîtrise de l'information est un apprentissage continu, infini : il s'agit de tendre vers cet infini de plus en plus rapidement et surtout de plus en plus efficacement. La problématique de l'information-surinformation-désinformation-malinformation est d'autant plus importante à aborder qu'elle fonde des compétences transférables universellement, non seulement dans la vie professionnelle, mais aussi dans la vie personnelle.

1.2) Connaissances, compétences et attitudes
Les compétences sont les vecteurs essentiels de l'union des savoirs dans le cerveau : savoir quoi ranger et où dans le cerveau. Savoir sélectionner l'information utile, c'est éviter de bâtir des connaissances inutiles ou pire, erronnées : les déconnaissances. Les déconnaissances se basent sur des désinformations, même si ces dernières sont accolées à de véritables informations, qu'elles soient pertinentes ou non. Ces déconnaissances sont d'autant plus graves qu'elles fondent des désavoirs. Ces désavoirs sont alors propagés par le sujet, sûr de son fait, et repris comme des informations par d'autres sujets qui les fonderont éventuellement en autant de déconnaissances et de désavoirs en fonction du degré de crédibilité et de conviction du détenteur de ces désavoirs.
Il ne suffit toutefois pas d'être compétent, il faut avoir des connaissances. Ces connaissances qui deviendront savoirs permettront au sujet non seulement de savoir-faire, mais aussi de savoir. Cela fonde la culture du sujet et son intégration dans un environnement social. L'Education Nationale a pour fonction de former des citoyens doués d'esprit critique et d'une culture commune et personnelle riche qui fondera l'identité de l'élève et son inclusion dans la société. Ainsi, la formation à la maîtrise de l'information n'est pas une fin en soi. Il s'agit d'une étape perpétuelle qui aide à accrocher et asseoir les connaissances.
Outre ces savoir-faire, ces savoirs, c'est un ensemble d'attitudes sociales que le sujet doit développer. Ces attitudes, c'est savoir écouter, savoir s'exprimer, savoir s'imposer, savoir changer d'avis, en somme être adaptable.

1.3) Etre intelligent, ce n'est pas seulement être cultivé !
L'intelligence ne saurait se cantonner à la culture, loin s'en faut. L'intelligence est une combinaison entre la débrouillardise, la culture, le savoir, les attitudes, voire la manipulation.
Petit aparté sur le parallèle que je fais entre intelligence et manipulation : dans nos sociétés, il faut apprendre à se débrouiller par soi-même pour obtenir ce que l'on veut. Manipuler, c'est user de stratagèmes que certains qualifient d'immoraux, pour atteindre ses fins. Or, on a vu que l'apprenance, cette "aptitude" qui  fonde les cerveaux performants (nous y reviendront après), passe par le développement de stratégies d'apprentissage. La manipulation constitue une stratégie d'apprentissage. Pas un apprentissage de connaissances ou compétences comme la formation à la maîtrise de l'information, mais un apprentissage comportemental : développer une attitude sociale, savoir se placer voire s'imposer dans la société.
Etre intelligent, cela équivaut tout d'abord à avoir un cerveau efficace. Cela signifie que l'on a développé des stratégies d'apprentissage "exceptionnelles" qui permettent de retenir des informations aisément, confortablement avec un effort moindre.
Etre intelligent, cela consiste ensuite à avoir des connaissances fiables, solides et facilement réexploitables. Ces connaissances s'étant construites et se construisant grâce à ces stratégies d'apprentissages se parfaisant jour après jour.
Etre intelligent, cela repose aussi sur l'adoption d'attitudes appropriées. Savoir quoi dire, quand, comment, où, à qui et pourquoi.
L'adaptabilité est le maître-mot de l'intelligence. Etre intelligent, c'est être cet acteur au changement de rôle continu. C'est surtout être un excellent acteur, c'est-à-dire jouer des rôles maîtrisés aux moments opportuns : savoir comment agir et réagir en fonction des personnes avec qui l'on est et du contexte dans lequel on se trouve.
Donc si on veut former de futurs sujets intelligents, il convient de travailler sur tous les points listés précédemment. Sans aller jusqu'à la manipulation, former à maîtriser l'information constitue le travail idéal pour fonder des stratégies d'apprentissage de base se parfaisant au fil de la vie du sujet. Ceci permet d'éviter que les cerveaux des jeunes ne fuient ...

2) Faire baigner un cerveau étanche dans un univers social épanouissant
2.1) Construire des cerveaux étanches
Former les jeunes, c'est permettre à la société d'évoluer et offrir à ces jeunes l'opportunité de s'intégrer et de s'épanouir dans la société. Aussi, il est indispensable d'offrir aux jeunes un bagage suffisant pour éviter les fuites de connaissances et les défauts de construction des savoirs. Nous n'allons pas entrer dans les propriétés du fonctionnement cognitif de l'élève, mais dans l'emballage qui abrite les connaissances, compétences et aptitudes. Cet emballage doit nécessairement être solide et "élastique" pour résister à un contenu qui s'enrichit de jour en jour. Pour élaborer un emballage de qualité, sans fioritures, il est nécessaire de construire une apprenance continuelle et évolutive : un continuum du plus petit âge jusqu'à la fin de la vie doit se mettre en place. Mais cet emballage risque de rompre à tout moment si les mécanismes d'apprentissage ne sont pas maîtrisés. C'est pourquoi le rôle des pédagogues  et éducateurs consiste à aider le sujet à se construire son propre emballage en l'informant et le formant sur les stratégies du savoir bien apprendre. Pour apprendre, le sujet doit tout d'abord comprendre. Il faut donc que la construction intellectuelle fasse sens pour lui. Cela passe non pas par des exposés de théories universitaires, mais en l'aidant et en l'accompagnant dans ses apprentissages en lui présentant des techniques d'apprentissage et en l'aidant à les mettre en oeuvre.
On parle de techniques d'apprentissages. Mais sortons de l'apprentissage comme intégration d'information pour les transformer en savoir, en considérant l'apprentissage comme un ensemble de facteurs. Pour apprendre convenablement, outre les techniques et stratégies d'apprentissage, il faut considérer les conditions d'apprentissage. Cela revient à considérer les conditions extérieures à l'élève lui-même comme l'ambiance d'apprentissage, le cadre de vie du sujet, le potentiel "chance socioculturelle" offert notamment par les proches du sujet grâce à des sorties, des contacts intellectuels divers (soulignons tout l'intérêt de l'Ecole dans cette ouverture culturelle !), les rapports du sujet avec d'autres sujets, etc.
L'ambiance, les phénomènes de groupe, les relations sociales, l'environnement socioculturel de l'élève sont autant de facteurs facilitateurs ou au contraire de facteurs qui freinent les apprentissages, même si le sujet dispose des stratégies d'apprentissage les plus évoluées. Outre ces facteurs externes, il y a les facteurs internes au sujet. On retrouve ainsi la volonté, le courage, la persévérance mais aussi le bagage originel du sujet. Par originel, j'entends le bagage initial que le sujet s'est construit grâce à ses rencontres, ses contacts, ses apprentissages, etc. Ainsi, construire un cerveau étanche induit un travail du sujet lui-même avec l'aide de pédagogues, éducateurs et éventuellement médecins (en cas de défaillance due à un handicap, mais je ne vais pas entrer dans la considération de sujets handicapés tant ce sujet est complexe et mériterait un développement particulier).
Construire un cerveau étanche implique aussi un environnement propice aux apprentissages. Cet environnement idéal se retrouve dans nos classes d'Ecoles. L'élève a en effet conscience qu'il est là pour apprendre : il met donc en marche ses stratégies d'apprentissage, en expérimente de nouvelles, etc. L'élève, dans ce cadre, est en interaction avec d'autres élèves et peut donc construire son esprit critique et échanger sur des stratégies d'apprentissage. L'élève est en interaction avec des professionnels qui contribuent à lui apprendre à apprendre, qui l'aident à expérimenter, qui l'accompagnent dans ses erreurs, qui l'assistent pour résoudre les situations-problème, etc. L'élève se trouve aussi dans un environnement spécialement conçu pour l'apprentissage : un cadre classe fort de discipline, de règles, etc.

2.2) Colmater les cerveaux défaillants
Construire des cerveaux étanches est une étape essentielle pour construire des individus citoyens aptes à apprendre tout au long de leur vie. Mais il se peut que certains cerveaux n'aient jamais été rendus étanches, soit suite à un accident de la vie, soit parce que les stratégies d'apprentissage, efficaces un temps, ne suffisent plus en parallèle à l'évolution du sujet dans son environnement. Ou alors, tout simplement en raison de l'adolescence ...
Concrètement, qu'est-ce qu'un cerveau défaillant ? C'est un sujet qui n'apprend pas aussi bien qu'auparavant. C'est un cerveau qui n'enregistre plus. C'est un cerveau qui s'arrête à un moment "t", qui se met en pause, en veille ou en mode "économie d'énergie". Les connaissances et compétences antérieures, intégrées, ne sont bien évidemment pas perdues. Mais soit elles ne suffisent plus, soit le sujet les "inhibe". La principale cause de cette inhibition : l'adolescence. L'adolescence est un moment délicat où le sujet grandit, évolue. Cette perturbation est essentielle et normale. Mais elle engendre de telles évolutions tant sur le plan physique que psychique que les processus d'apprentissage ne sont plus sur le devant de la scène mais en arrière-plan. Parler de cerveau défaillant parait extrêmement péjoratif, mais il s'agit d'une défaillance stricto sensu : l'apprentissage fait défaut. Cette défaillance est due à la fainéantise cognitive, à la rébellion intellectuelle, à la pause mentale.
Alors comment colmater ces cerveaux défaillants ? Comment faire en sorte que l'apprendre à apprendre ne soit pas mis de côté et continue à travailler ? il s'agit là de la mission d'éducation et d'enseignement des adultes : développer des stratégies pédagogiques pour continuer à faire en sorte que les élèves mobilisent leurs savoirs, savoir-faire et attitudes et continuent à faire fonctionner leur équipement d'apprenance. Il n'existe pas de recette miracle, ces stratégies pédagogiques varient en fonction des élèves. Néanmoins, cette mission est essentielle. L'adolescence est une période clef où se fondent les techniques et stratégies d'apprentissage qui constituent le socle de la construction future des savoirs du futur citoyen.

2.3) Cerveaux qui fuient ou qui s'enfuient
Une fois le cerveau bien emballé avec un mécanisme de construction des savoirs élaboré, évolué et évolutif, il faut le faire travailler. Etre intellectuellement actif est essentiel dans nos sociétés. Nos cerveaux sont mis continuellement à l'épreuve : personne ne peut se prétendre intellectuellement frustré. Alors pourquoi certains cerveaux s'enfuient-ils ? Pourquoi après avoir bâti un processus d'apprentissage performant les cerveaux tendent-ils à partir ? La réponse est simple : les sujets, si bien formés, s'informent avec une efficacité déconcertante. Et ils ont rapidement compris qu'en partant, ils s'épanouiraient d'autant plus. Mais attention aux fausses promesses qu'on peut leur faire ...
La fuite des cerveaux est extrêmement dommageable. Dommageable pour le transfert populaire des savoirs entre individus, même si théoriquement le savoir n'a pas de frontière (la frontière de la langue étant pourtant prégnante) et peut sauter de lieu en lieu.
Outre la fuite des cerveaux, il convient de s'interroger sur les techniques, stratégies et méthodologies d'apprentissage, ailleurs. Où se situe la France par exemple ? D'où vient le problème ? Le problème vient d'un centrage sur les connaissances et/ou compétences et/ou attitudes. Or, il convient de travailler à la construction de ces savoirs comme on l'a vu précédemment. Une fois cette construction de base accomplie, le sujet s'alimente en fonction de ses centres d'intérêt mais surtout il s'alimente d'autant mieux, d'autant plus efficacement et avec d'autant plus de plaisir ! Le plaisir, voilà le maître-mot du savoir. Si tu prends du plaisir à apprendre, si tu prends du plaisir à mettre en oeuvre ces connaissances, compétences et attitudes, et si tu prends du plaisir à apprendre continuellement, alors pourquoi fuir ?

Apprendre à apprendre passe nécessairement par l'acquisition de connaissances et compétences de base. La formation à la maîtrise de l'information est un vecteur essentiel dans la construction du apprendre à apprendre. Apprendre à apprendre est essentiel pour s'intégrer et s'épanouir dans une société de plus en plus exigeante. Mais si certains s'enfuient, ce n'est certainement pas à cause de la formation qu'ils ont eu. Alors comment garder ces têtes pensantes ? Comment faire en sorte que le savoir ne soit pas la chasse gardée d'une caste d'intellectuels ? Comment s'assurer que ces têtes bien formées rendent la pareille à ceux qui leur succèdent ?

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Jeunes et TIC : e-langage entre blogs et réseaux sociaux

Posted by Ludovic Gavignet on 14:31 in , , ,
Jeunes et TIC : e-langage entre blogs et réseaux sociaux
Ou le principe de l'idiotie jeune aggravée par les TIC

Préambule : Les jeunes sont idiots. Les TIC ne font qu'aggraver les choses. Alors Jeunes + TIC, j'vous raconte même pas ce que ça peut donner ... euh si : une partie de notre société. Heureusement que nous, adultes, sommes là pour relever le niveau !

"Les jeunes c'est plus c'que c'était !" Pourquoi les jeunes ont-ils changé ? Ont-ils eu raison de changer ? Quelles sont les origines de ces changements ? Mais de quel changement parle-t-on ?
La (r)évolution numérique amène d'autres manières de communiquer et même d'apprendre.
Alors, actuellement, quels usages ont les jeunes des TIC ? Et dans tout cela, où se situe le jeune ? Est-il acteur ou victime (probablement les 2) de ces évolutions ? Où se situe le rôle de l'éducation et de l'enseignement ? Comment éducation et enseignement doivent-ils évoluer ?

1) Les jeunes : fainéants, illettrés et idiots qui ne pensent qu'à jouer

Mais pourquoi les jeunes existent-ils ? Ils ne font rien, ne veulent rien faire. Ils sont illettrés, parfois même analphabètes tellement ils sont fainéants face aux apprentissages. Ils sont idiots : ils ne comprennent rien, ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ... et encore, quand ils savent où se trouve leur nez !
Alors, Internet a été la révolution pour ces jeunes : désormais ils peuvent remplir toutes leurs "obligations" de jeunes grâce à Internet. Ils apprennent grâce à Dieu Google, ils communiquent grâce à la fée MSN, ils se cultivent à doses de Wikipedia, ... Mais de quoi se plaint-on ?
On se plaint de ce jeune fainéant, toujours plus fainéant. Autant avant il écrivait sur des blogs des articles bourrés de fautes d'orthographe sur des sujets aussi utiles que la stupidité du professeur-documentaliste qui ne sait que dire "chut!", autant désormais il se contente de 3-4 mots sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. Sales jeunes, ils ne faisaient déjà rien avant et ils en font encore moins maintenant : conclusion, les jeunes sont des moins que rien !

1.1) Les réseaux sociaux : la friandise jeune par excellence
Les jeunes n'aiment pas manger, ils ne pensent qu'à regarder la télé et jouer sur leur ordinateur ou console de jeux. Faux ! Les jeunes sont même très gourmands : ils demandent et redemandent du Facebook et du Twitter. S'teplait p'pa ! Encore 5 p'tites minutes d'fésbouc ! Note à apposer sur le frigo : Acheter du Facebook.

- Un réseau sauce quoi ? Ha ! Fessbouk !
Parlez à un jeune de réseau social et il vous regardera avec des yeux de merlan frit. Parlez à un jeune de Facebook ou Twitter et ses yeux s'illumineront. Vous verrez scintiller toute la galaxie dans ses yeux. Vous verrez même une larme coulée sur sa joue. Oui, le jeune aime les marques, juste les marques et sur Internet aussi. Donc non, le jeune n'est pas inculte, c'est juste qu'au lieu d'utiliser un nom commun, il utilise une marque. Oui le jeune sait énormément de choses, il sait que fessbouk et twitter c'est pas pareil, il sait qu'un dahu a été capturé à Vittel le 6 mars 2010 ("c'est Alfred, mon pote de 5°4 qui l'a écrit sur Twitter !"), il sait même que le roi de la France a épousé Jeanne d'Arc. Héhé, il est intelligent l'jeune ! Heureusement que les réseaux soc... euh que Facebook, Twitter & Cie sont là hein !

- Les blogs, c'est has-been
Vous avez un blog pour faire comme les d'jeun's ? Trop tard ! Maintenant c'est démodé. C'est pas assez rapide. En effet, le jeune est pressé, il n'a pas le temps d'écrire. Alors écrire un article sur un blog, même quelques phrases, ça prend trop d'temps. Heureusement, les anges Facebook et Twitter sont passés par là. Un mot, un clic, hop c'est en ligne. 1 seconde, 2 secondes, hop ça a été "twitté" 514 fois. 1 minute, 2 minutes, hop la France entière connaît mon message Twitter : "Je suis chez tata suzanne, elle m'a fait un bon gâteau". Heureusement qu'y'a ça, sinon personne n'aurait jamais su que j'étais chez tata Suzanne !

- J'offre ma vie privée à qui en veut !
Même problème que ceux que l'on rencontre pour les blogs. Les jeunes n'ont pas conscience que n'importe qui peut accéder à leur twit ou statut facebook (même si on peut bloquer certaines fonctionnalités ...). Alors, on peut littéralement traquer un jeune, d'autant que les jeunes sont très friands de ces réseaux. Il suffit de reprendre tous les messages de ce jeune et on peut dresser son emploi du temps plus ou moins exhaustivement. Mais outre l'emploi du temps, on peut rentrer directement dans le cerveau du jeune. Roh je suis allé chez tata suzanne, mais son gâteau il était vraiment pas bon. Bizarre ça ne lui était jamais arrivé, et si tata Suzanne trompait tonton ? Cela est d'autant plus grave que la publication est en temps réel et que les jeunes laissent des messages depuis leur ordinateur et téléphone portable.

- Le journal extime jeune
Les journaux intimes sont désormais démodés même si certains jeunes en gardent et alimentent toujours un secrètement sous leur oreiller. Désormais, les TIC ont permis d'extimiser ces journaux intimes. Cela passe par les réseaux sociaux (on l'a vu, les blogs c'était avant). Ce qui est d'autant plus grave, c'est qu'auparavant les jeunes écrivaient leurs journaux intimes en réfléchissant à des phrases correctes, à des tournures originales. Maintenant, c'est du texte brut : "Ptin fé chié, cass'toi pov'con". L'idée est la même c'est sûr, alors pourquoi s'embêter à broder comme des politiciens noyeurs de poisson et spécialistes du tournage autour du pot ...

1.2) Internet, c'est plein de ressources ; pas comme les jeunes !

Les jeunes n'utilisent pas Internet comme il le faudrait, c'est-à-dire intelligemment, avec un recul critique. Mais en ont-ils vraiment besoin alors qu'ils n'utilisent que les "classiques" du web à savoir (outre les réseaux sociaux précédemment cités) Google, Wikipedia, MSN ?

- Oh pardon Dieu Google, je vous ai blasphémé en prononçant Bing ou Live Search !
Les jeunes sont fidèles. Les jeunes sont croyants. Les jeunes sont pratiquants. Les jeunes vouent un véritable culte à Dieu Google. Voici quelques témoignages que l'on aurait pu entendre de ci de là :
"Google a été là lorsque j'en ai eu besoin. Mon prof de maths m'a demandé d'expliquer le théorème de Pete Al Gore. Google m'a apporté l'illumination dont j'avais besoin : ce n'était pas le théorème de Pete Al Gore, mais la non élection de Albert Al Gore".
"Mon père m'a demandé d'aller voir ailleurs s'il y était. J'ai cherché sur Google Earth et ai constaté qu'il n'était pas ailleurs. J'ai pu lui répondre dans l'heure qui suivait"
"Un jour j'étais perdu. Je ne savais plus quoi faire. J'ai cherché 'jeu' dans Google. Depuis, j'ai trouvé ma voie : je joue à Dark Orbit"
"C'est un copain de ma classe qui m'a parlé de Google. Il me disait qu'on trouvait tout grâce à cela. Je ne l'ai pas cru, jusqu'au jour où j'ai essayé. Depuis, je ne peux plus m'en passer"
"Mes amis et moi nous réunissons tous les samedis pour essayer Google. Tout ce que nous cherchons, nous le trouvons. Vive Google !"
Témoignages surprenants ? Pas tant que ça, écoutez bien ce que vous entendez lorsque les jeunes sont sur Internet. Ou alors, osez la question : "C'est quoi Google ?". Il y a fort à parier que vous aurez droit à l'une ou l'autre des citations ci-dessus. Dieu Google révolutionne nos usages. Il dit toute les vérités. Il est donc LA vérité. Dieu Google, je vous vénère ... hum hum heu ressaisissons-nous. Google est un faux miroir du savoir absolu. On croit voir en lui l'universel, l'universalité, l'universalisme, l'encyclopédisme total. Or, Google retrouve aussi bien le faux que le juste, le mal que le bien, le subjectif que l'objectif, le réfléchi que le stupide, etc.

- Wikipedia : le savoir absolu
Un lieu culte, un personnage célèbre, un concept philosophique, etc. Wikipedia a la réponse. Wikipedia c'est qui ? C'est nous. Nous qui participons au développement de cette encyclopédie. Partant du principe de l'autocorrection, Wikipedia semble autant si ce n'est plus juste que certaine sencyclopédies. Alors ni une, ni deux, le jeune l'utilise. Et il a raison. Mais là où il n'a plus raison, je dirais même plus, là où il a tort, c'est qu'il n'utilise que wikipedia. Ouh malheureux ! Mais que fais-tu de la vérification des informations (croisement des sources), mais que fais-tu de la complémentarité des informations, mais que fais-tu de la diversité des points de vue, mais que fais-tu petit idiot !!!???
Wikipedia se présente comme une ressource à exploiter évidemment. Mais attention danger. Wikipedia n'est pas "Tourdebabeledia" : le savoir absolu n'existe pas et n'existera jamais. Tout simplement car le savoir est par essence infini. Et l'infini est inaccessible (ah bon ?). Ce qui est d'autant plus dommageable, c'est que le jeune fait le ctrl+c ctrl+v (ou pomme+c pomme+v). Hop, emballez c'est pesé. Désormais les exposés des élèves sont des wikipexposés. Rah ces jeunes, fainéants et idiots ...

- MSN : My Social Network
MSN, c'est le réseau social des jeunes. C'est leur moyen de discussion. "La communication directe, c'est nul ! C'est mieux sur msn, on s'lâche plus !". Oui MSN c'est génial. Plus besoin d'attendre pour se parler : un message instantané et hop, bibi est au courant que je viens de me faire une tresse. Extrait d'une conversation qu'auraient pu avoir 2 jeunes :
- Slt, coman ?
- Décontract', g boufé 1 pom :-)
- Lol, ma sister ossi ça lui est arrivé 1 fois ;-)
- loooooooooool les gros esprits se rendent contre :-P
- mdr
- ptdr
- bon j go. @+
Le texte ci-dessus reflète une conversation TIC banale (caricaturée pour les besoins d'illustration de mon propos ... comme le font les journalistes ... mais chut! je n'ai rien dit) entre 2 jeunes. Trouvez Charlie en sachant que Charlie est le problème. Hum euh je pose X, je retiens 4, j'enlève le O .... rah j'y arrive pas m'sieur !

Google, Wikipedia, MSN sont au coeur de la vie numérique jeune. Pourtant de multiples autres ressources existent et ne sont pas exploitées. Jeunes, prenez modèle sur les irréprochables adultes que nous sommes ...

1.3) Le jeune s'amuse et avec l'électronique et le numérique c'est toujours pire !
Rah ces jeunes ... on leur met un ordinateur dans les mains et ils n'en démordent pas. Ils sont enragés ces jeunes. Leur enlever un ordinateur ou une console, c'est comme prendre l'os qu'un chien est en train de mâchouiller. Je connais quelqu'un (enfin c'est quelqu'un qu'a twitté ça) qui s'est fait mordre par son enfant (un jeune) alors qu'il voulait envoyer un e-mail. Le jeune est un addict, un esprit fragile qui baigne dans l'univers du jeu. Ils peuvent pas faire comme nous à leur âge : aller jouer dehors ? Avec tous ces jeux vidéos, les jeunes sombrent dans le piège de la société de consommation. Euh mais ne seraient-ce pas la faute des parents qui n'arrivent pas à gérer le temps de jeu de leurs enfants ? Mais non puisque les enfants mordent leurs parents ...

Ordinateurs, Internet : 2 mots pour des maux. Les jeunes s'abrutissent alors qu'ils le sont déjà assez comme ça. Mais qui a inventé Internet ? Les jeunes ne vivent plus que grâce à Internet. Supprimons Internet et tous les problèmes seront réglés !

2) Le jeune : coupable d'être victime
Le jeune est idiot. Le point de départ est mauvais. Avant d'affirmer, il est indispensable de se questionner. Le jeune est-il idiot ? Pourquoi le jeune serait-il idiot ? Pourquoi le jeune serait-il plus idiot que nous ?

Le jeune est en fait une double victime. Victime d'Internet, victime de l'adulte qui considère le jeune comme coupable de son incapacité face à Internet. Or le jeune a des capacités face à Internet. C'est un digital native, très au fait des nouvelles technologies. Il baigne dedans, alors si on lui enlève son univers, qu'advient-il de lui ? Mais baigner ne signifie pas "savoir nager". Et là se situe le rôle de l'adulte : accompagner le jeune dans ses premiers pas sur Internet, l'aider à nager. Fort d'entraînement, le jeune nous dépassera rapidement, en sachant beaucoup de choses plus que nous. Mais si l'entrainement se base sur des lacunes et des erreurs, le jeune croira nous dépasser et demandera à se passer de nous tout en accomplissant une succession d'erreurs qui l'entraineront vers la noyade numérique. Et des nageurs-sauveteurs en TIC, il y en a trop peu face à la profusion de tous ces futurs noyés. Face à ces noyades numériques, l'adulte, très pédagogue, pointe du doigt ce digital native qui ne maîtrise rien. R'harde moi, je suis un digital immigrant et je me débrouille mieux que toi. Et même je me passe volontiers du "digital". Fais comme moi, reviens au crayon et au papier : le bon vieux temps.

Les jeunes risquent la noyade numérique. Il faut leur apprendre à nager. On essaie. On fait de notre mieux. Mais ce qu'on leur apprend est beaucoup plus rébarbatif que ce qu'eux peuvent découvrir. On leur parle de croisement des sources, de citation des sources alors qu'eux voient l'information instantanée, la communication immédiate, l'ubiquité numérique, etc. Une solution : développer des stratégies d'apprentissage attractives, attrayantes. Partir des acquis des élèves (Twitter, Facebook, Yahoo, MSN) pour arriver là où on veut les emmener (fiabilité des sources, validité de l'information, vérification des sources, etc.). Mais on targuera les profs de démago., on se plaindra que l'on ne répond pas aux programmes, et on constatera que tout cela prend du temps, trop de temps. Quid ?

Parents, profs, adultes. La responsabilité de former les élèves, de leur ôter le statut de coupable pour les reconnaître victime et les aider est de notre ressort. Le jeune est victime et se croit coupable. Le coupable, ce n'est pas lui, c'est nous. Coupable de ne pas le former, l'informer. Le jeune a quand même une part de responsabilité : s'entêter à aller à la facilité au lieu de travailler. Apprendre à travailler : là réside la difficulté majeure.

3) Jeune, TIC et éducation

Les TIC constituent une révolution dans le comportement général de la population. Qui n'est pas équipé informatiquement ? Qui ne dispose pas d'Internet. Faisons fi du débat entre pays industrialisé et pays en voie de développement (même s'il est extrêmement intéressant d'en parler). Les TIC constituent, quoiqu'on en dise, une évolution. Ils simplifient énormément de choses. Mais ces simplifications ne doivent pas pour autant cacher que les TIC ne sont pas simples. Il faut apprendre à les utiliser pour les maîtriser. Nous devons former les jeunes à devenir des citoyens autonomes, responsables, doués d'esprit critique, etc. Ce travail revient à tout un chacun. Aussi, devenir citoyen, c'est apprendre à le devenir : que faire, comment faire, pour quoi faire ? "Un citoyen responsable est un citoyen informé" dixit Hubert Beuve-Mery. Cette information passe non seulement par les écrits papiers, écrits audiovisuels (dont la lecture de l'image fixe et animée) mais aussi par les écrits numériques. Savoir qui écrit quoi, comment, pourquoi. Etre conscient des rumeurs (hoax) sur Internet. Savoir vérifier l'information. Comprendre les dangers d'Internet pour mieux saisir les opportunités de ce média évolué (quoique ...) et évolutif. Tout cela, et bien d'autres choses encore, c'est à nous, adultes, de l'apprendre aux jeunes.
Le problème principal c'est que les jeunes croient savoir. Il faut donc leur prouver qu'ils ne savent pas en leur faisant passer un petit test qui fera guise d'évaluation diagnostique. Certains se débrouilleront mieux que d'autres, mais il ressortira qu'à de rares exceptions près, les jeunes se laissent piéger. Demandez leur de déterminer quel site parait selon eux le plus fiable sur une sélection entre site engagé, site de secte, site informatif objectif (il doit bien en exister quelque part ...), site de désinformation. Vous allez être surpris (je l'ai fait avec des 2ndes ... terrifiant !).
Ainsi, vous légitimerez votre rôle dans l'apprentissage de ces jeunes.

- Facebook, Twitter, MSN : faut-il en parler ?
Parler des réseaux sociaux, des messageries instantanées, nécessairement oui, si la demande s'en fait sentir. Après, il faut jauger la nécessité d'approfondir cette notion ou non tout en réfléchissant au préalable bien évidemment si les explications données seront utiles et formatrices (travail sur la protection des données personnelles, sur l'impact des réseaux sociaux dans la propagation des rumeurs, etc.). Internet ne doit comporter aucun sujet tabou. Parler de Facebook et Twitter n'a rien de démagogique : il s'agit d'un fait de société sur lequel il faut informer les élèves qui n'ont pas conscience de l'impact de l'usage qu'ils en font et du préjudice que cela peut leur poser.

Avant de dire qu'un jeune est idiot, stupide, incompétent, il faut l'informer et le former. Une fois qu'il aura tous les éléments en possession et s'il continue à se comporter bêtement en ignorant tout ce qu'on a pu lui apprendre (et pas seulement lui dire) alors là oui, on pourra déclarer que ce jeune est stupide. Enfin, à vérifier encore que l'apprentissage aura été dispensé convenablement ...



Je vois déjà vos yeux rougis et votre cerveau fumant arriver jusqu'ici (pour ceux qui ont pu suivre). Dur à suivre ce discours : je suis sûr que vous avez eu du mal à toujours distinguer l'ironie du sérieux. Et pour cause, je me suis basé sur des on-dit, des légendes et autres racontars qui pour vous sont des réalités. J'ai traité ce billet majoritairement ironiquement pour justement montrer les raccourcis simples et simplistes que l'on fait des jeunes. Les jeunes, mais qui sont-ils au fait ? A l'heure où l'on se bat contre les préjugés et le racisme, les jeunes sont toujours autant stigmatisés et accusés de tous les maux et par tous les mots. Certes un jeune demeure un jeune, mais il s'agit d'un passage indispensable et incontournable pour que le jeune se construise. Il ne sert donc à rien de le présumer toujours coupable, il faut juste essayer de comprendre. Comprendre qu'un jeune a des besoins. Qu'il est stupide comme nous-mêmes l'avons été (le sommes encore ?). Certes ce n'est pas comme avant : les TIC ont changé la donne, mais la problématique demeure toujours la même. Un ado demeure un ado.
Qu'on lui mette un ordi ou un crayon dans les mains, l'ado ne changera pas. C'est ce qu'on lui dira d'en faire qui pourra l'aider à évoluer et à devenir un homme citoyen. Quel que soit l'outil utilisé, l'ado peut se construire. A nous de lui apprendre à s'en servir. Nous, ce sont les parents, les éducateurs, les enseignants et tous les adultes, en général. Plus nous nous plaindrons des jeunes, plus ce sera nous que nous accuserons : la faute est nôtre, celle de ne pas avoir su éduquer et former le jeune. Un ado n'est pas mauvais en soi. Un ado devient ce que l'on veut qu'il devienne et surtout ce que l'on fait pour qu'il devienne ce que l'on veut. C'est ce que l'on appelle l'Education. Et trop nombreux sont les adultes qui ont démissionné. Les TIC sont un bon prétexte pour se défausser. Pourtant, avec les TIC, notre rôle n'en est que plus réaffirmer. Si on laisse un jeune livré seul face aux TIC, il considérera les TIC comme son père. Ne vous plaignez pas si un jour vous entendez un enfant ou pire votre enfant (mais non, ce n'est pas possible, mon enfant n'est pas un jeune comme les autres, il est intelligent et cultivé lui) s'exclamer : "Ce week-end je vais voir Papa Google et Maman Facebook. Et Lundi c'est tata Wikipedia qui m'emmène à l'école. Je suis pressé, y a Darkorbit qui m'attend. On en reparle demain chez Mamie MSN ?".
Nous fonçons droit dans le mur. Mais bon ce n'est pas de notre faute, ce sont les jeunes et ces satanés TIC ...

Note : vous pouvez remplacer "jeune" par certains prénoms d'adultes que vous connaissez. Sauf que pour eux, malheureusement, l'éducation devrait être terminée. Qui a dit que seuls les jeunes étaient stupides, idiots et fainéants ?

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