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Identité virtuelle versus identité sociale

Posted by Ludovic Gavignet on 15:40 in
Identité virtuelle versus identité sociale : devenons-nous fous ?

Le développement incessant d'Internet pousse toujours plus de personnes à rejoindre de plus en plus fidèlement le réseau. Le nombre d'heures de connexions ne cessent de croître, fruit de l'attractivité d'Internet. Les gouvernements, les associations, les gens appellent la population mondiale à rejoindre Internet. Aussi, en rejoignant Internet on se crée plus ou moins consciemment au moins une identité virtuelle. Cela présente-t-il des risques ?

1) Identité virtuelle : une construction plus ou moins consciente
1.1) Une construction automatique
Dès que l'on rejoint Internet, a fortiori avec l'avènement du web 2.0, on se crée son identité virtuelle. Cela peut passer simplement par l'utilisation d'un pseudo, mais cela peut aller jusqu'à la création d'un avatar, un "je" que l'on pense fidèle à soi (mais qui ne peut jamais l'être), un "je" idéalisé ... ou encore un "je" dévalorisé selon la psychologie de chacun. Quoiqu'il en soit ce "je" virtuel ne sera jamais le "je" réel, tout au plus un (pseudo) miroir de la réalité. Ainsi, avec Internet, nous sommes amenés à gérer au moins 2 identités : son identité sociale et son identité virtuelle. L'avantage de l'identité virtuelle est que l'on peut facilement la transformer, l'idéaliser, la "fantasmréaliser". Néanmoins, cette simplicité de construction identitaire n'est pas sans poser des risques de "déréalisation" (perte du sens de la réalité) voire de "schizophrénisation" (terme volontairement agressif mais reflet exact des risques encourus) ... ou pis encore ! de déconnexion sociale au profit de son identité virtuelle.

1.2) Identité virtuelle : rives et dérives
Facile de limiter une identité virtuelle : elle s'arrête là où les modes d'accès virtuels sont clos.
Encore plus que notre identité sociale disparaissant peu à peu après notre mort (la rapidité de sa disparition étant inversement proportionnelle à la notoriété qu'on aura pu lui faire prendre), notre identité virtuelle demeure immortelle : des traces de son existence demeureront toujours ... à moins qu'un grand balayage du réseau internet n'ait lieu un jour ... Cette immortalité, certains internautes en jouent en multipliant les identités pour être 10 fois plus immortel encore ! Mais la principale dérive : sombrer dans le virtuel, perdre son identité sociale au profit de cette identité virtuelle, beaucoup plus simple à gérer, à abandonner. Avec son identité virtuelle, on a droit de vie et de mort sans que cela n'ait la moindre conséquence pour nous, humain. Mais à force de trop en jouer, on sombre. On sombre devant ce monde apparemment utopique mais bien réellement virtuel ! On sombre devant la gestion facile de son identité. On sombre devant ces prises de risques sans apparentes conséquences. Je dis bien "apparentes", car les conséquences peuvent bien exister sur notre vie réelle. Tout d'abord avec ce risque de "schizophrénisation" comme je l'ai déjà dit, mais aussi des conséquences humaines, financières, ... En effet, à notre (nos) identité(s) virtuelle(s) est rattachée notre identité réelle. Prenons l'exemple des casinos en ligne. Vous vous créez certes une identité virtuelle, mais celle-ci est automatiquement et directement rattachée à votre vie réelle. Cela revient à se poser la question : la dématérialisation avec Internet ne nous déconnecte-t-elle pas de la réalité ?

2) Identité sociale, je te hais !
2.1) Je ne veux plus être "moi" !
Après avoir vécu l'idéal d'identité(s) virtuelle(s), il faut se rendre à l'évidence : à chaque fois cela est pareil, on doit reprendre son identité sociale. Ah! Métro, boulot, dodo ! Ah! Dossiers, réunions, promotions ! Ah! Accidents, blessures, injustice ! Ah! Pourquoi ne puis-je pas rester ce "moi virtuel" ? Un "moi" atemporel, un "moi" aspatial, un nouveau "moi" que je construis et démolis à ma guise. Pourquoi alors encore avoir cette identité sociale ? On peut vivre avec son identité virtuelle désormais : gagner sa vie, gérer ses comptes, réparer sa ligne téléphonique, commander à manger, ... Mais il ne faut pas perdre de vue que cette identité virtuelle est construite à partir de notre identité sociale et généralement de son "idéalisation". Une identité virtuelle ne peut se construire sans identité sociale bien que l'une soit loin d'être le reflet de l'autre nous l'avons vu. Pour autant, ne pouvons pas délaisser quelque peu notre identité sociale une fois notre identité virtuelle construite ? Sûrement pas, car elle se démolirait parallèlement à votre identité sociale.

2.2) Les "no-life" ou l'identité virtuelle mortelle
Concrètement, observons les "no-life", ces individus qui n'ont (pratiquement) plus de vie sociale. Leur identité virtuelle ne se résume plus qu'à un simple avatar avec très peu de centres d'intérêts, très peu de dynamisme, très peu d'amis virtuels, ... Bref un avatar qui n'a plus qu'une destinée : survivre. Et c'est là toute la gravité de la situation. Par définition une identité virtuelle ne peut mourir, mais pour les "no-life" c'est leur seule identité, et si elle disparait ils ne sont plus rien, ils seraient donc morts virtuellement ... et donc socialement puisqu'ils ont abandonné leur identité sociale au profit de leur identité virtuelle. Il parait alors indispensable de s'attacher à ce que ces no-life acquièrent à nouveau une identité sociale, la reconstruisent petit à petit pour pouvoir enfin se détacher de l'emprise de cette identité virtuelle. Un "no-life" est alors toujours piégé, il ne peut faire marche arrière ... sauf si on l'aide !

3) Du commun des mortels au commun des immortels ?
3.1) Qui sommes-nous ?
Et nous. Vous, moi, eux, ... Où en sommes-nous ? Comment couplons-nous identité virtuelle et identité sociale ? Vraisemblablement, le cocktail actuel est assez simple à réaliser : du social (indispensable) que l'on mélange avec plus ou moins de virtuel. Mais parviendrons-nous un jour à un tournant, c'est-à-dire où notre identité virtuelle sera plus importante que notre identité sociale ? Voire verrons-nous disparaître complètement notre identité sociale ou plus "vraisemblablement" verrons-nous la devenir sociovirtuelle ?

3.2) Vers une identité socio-virtuelle ?
Vers quoi tendons-nous ? Je ne pense pas que le virtuel aura l'emprise sur le réel. Au contraire, l'un et l'autre sont complémentaires, il suffit de trouver le bon dosage. Ainsi, je pense plus que nos identités sociale et virtuelle seront amenés à se croiser, à s'enrichir mutuellement. Oui l'identité virtuelle présente aussi son utilité : rêver, se détendre, se ressourcer, ... Quant à notre identité sociale : indispensable ! Notre cerveau à besoin de relations humaines physiques, d'interaction avec les éléments bien réels, ...

Identité virtuelle et identité sociale se croisent l'une l'autre et s'enrichissent mutuellement. Ne pas avoir d'identité virtuelle est sans conséquence, même si elle enrichit l'identité sociale. Mais ne pas avoir d'identité sociale est très dangereux : cela nous déconnecte de la réalité, et même pis nous y fait prendre peur ! Toute la question actuelle est de savoir jusqu'où peut-on développer son identité virtuelle ? Quelles en sont et quelles en seront les conséquences ?

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